samedi 20 janvier 2018

Et si la recherche du maître interieur ne masquer que de la méfiance?



L’esprit analytique, philosophique, qui pense et contrôle, fait n’importe quoi pour cacher le fait de ne pas pouvoir faire confiance.



La première partie de cet argument, je veux la dédier à l’introduction du concept de base, qui émerge quand on parle de disciples et/ou de maîtres. Je fais référence au fait d’aller à la rencontre du visage dominant et/ou soumis de notre personnalité. Il y a ceux qui donnent les ordres et ceux qui obéissent aux ordres. Il y a les prédateurs et les proies. Il y a les chefs et les employés. Il y a les politiciens et les citoyens. Il y a les créateurs et les spectateurs. D’après les recherches, plus de 80% des personnes appartient au deuxième groupe. C’est pourquoi il était inévitable que dans le domaine spirituel, se développât la figure du maître et celle du disciple pour réfléchir à cette même réalité humaine: c’est-à-dire, le fait que, bien qu’on soit égal face à la création, on ne l’est pas entre nous. Vu qu’en pénétrant plus avant dans la relation maître-disciple, on entrerait dans la thématique de la perception du supérieur et de l’inférieur ou encore de la sagesse et de l’ignorance, nous allons aborder différentes dérivations de ce sujet central puisqu’il semble complexe mais à la fois très pratique.

Le jeu qui existe entre ces différents rôles peut bénéficier ou nuire au processus d’évolution intérieure de tout homme. Un disciple peut rester soumis à être un adepte toute sa vie et cela serait un gros frein à son processus, ou encore un maître pourrait rester borné à être un guide et un exemple à suivre pendant toute sa vie, ce qui serait une autre sorte de gros frein à son processus évolutif, puisque le sens du jeu de ces rôles est de résoudre des questions clés très profondes de la condition de la nature humaine.

Généralement on nous demande d’être une chose ou l’autre, jamais les deux choses au même temps, ou encore aucune des deux; on ne nous propose pas non plus d’alterner les deux rôles. Il semble que le parallélisme ou la neutralité ne sont pas des attitudes admises dans un monde dual et extrémiste. Je me demande: et s’il était possible d’être disciple et maître à la fois? Alors, pourquoi ces rôles ont-ils été créés depuis des milliers d’années? Ne serait-il pas possible d’accéder au propos caché de cette relation seulement à condition de pouvoir se dés-identifier de ces figures?

Il est naturel et plus que démontré qu’il existe des personnes plus connectées que d’autres, plus ou moins intelligentes, des êtres humains qui sont beaucoup plus doués que d’autres dans l’art de pénétrer dans l’appréhension des affaires complexes de l’existence, alors pourquoi ne pas profiter de ces qualités dont quelques-uns sont doués, pour faire gagner du temps et épargner de l’effort à d’autres?

Pourquoi ne pas utiliser en sa faveur le fait que quelqu’un d’autre puisse me faire avancer plus que je ne le ferais tout seul ? Tout cela est superflu à côté du profond propos qui se cache dans ce stratagème.

Au fond de cette relation disciple-maître, il y a un grand apprentissage en jeu et qui est lié au fait de pouvoir faire confiance, dont le défi est de guérir, de dissoudre la méfiance. Depuis toujours les différentes approches spirituelles ou intellectuelles ont étés basées sur la relation du disciple avec le maître, du moment que, d’après elles, il s’agit d’un phénomène humain d’interdépendance orientée à guider, confronter et transmettre le savoir. Le Disciple s’ouvre, demande, observe et obéit; le maître répond, illumine, montre, active, confronte, réveille et transmet jusqu’à ce que le disciple se découvre et puisse quitter sa relation avec le maître pour suivre son propre chemin. Mais, la plupart des fois, on omet le facteur principal de cette relation : la guérison de la méfiance et l’apprentissage de la confiance.Se méfier constitue une décision. Si elle a déjà été prise, on ne peut pas faire grand chose. La décision de ne pas faire confiance est une des décisions les plus essentielles et anti-naturelles qu’on puisse prendre dans la vie, c’est la DÉCISION la plus tragique qu’on puisse prendre, mais c’est celle qui a amené à des millions de personnes du monde entier a édifier une vie sans fondement, avec de grosses fissures et des dégâts structuraux qui sont irréparables à moins qu’on ne détruise la maison et qu’on recommence à la construire à nouveau. Beaucoup de gens honnêtes ne cachent pas le fait de ne pas pouvoir faire confiance: ils ont leurs motivations raisonnables, ils cohabitent avec cela et c’est tout. Ils s’habituent à vivre comme ça et ça leur va même assez bien pour soulager leur peur et leur manque de sécurité, même s’ils ne sont pas heureux. Mais il y en a d’autres qui, pendant qu’ils entreprennent leur travail intérieur ou quelque thérapie, réalisent le manque de confiance qui les habitent et ils se rendent compte combien cela les limite, la seule chose qu’ils peuvent alors faire désormais, face à cette réalité dont ils ne peuvent se libérer, c’est de la masquer ou de la décorer comme s’il s’agissait de réparer la façade et les parois intérieures d’une maison avec de grosses couches de peinture, afin de cacher qu’elle est fissurée partout. Dans ces cas le concept de maître intérieur joue un rôle important pour la création de l’un des mensonges les plus sophistiqués.

C’est pourquoi on doit être attentif face à la possibilité de nous tromper nous même à travers de l’idée de la RECHERCHE DU MAÎTRE INTÉRIEUR, parce que cette recherche cache un piège dangereux: celui de rester coincé dans la croyance qu’on peut le rencontrer et, encore pire, la croyance de l’avoir rencontré. Chaque jour je rencontre plus de gens qui m’assurent avoir rencontré leur maître intérieur, sans s’être défait de la décision de se méfier, sans avoir toujours pu faire confiance en rien qui soit extérieur. Si quelqu’un croit avoir rencontré son maître à l’intérieur de lui-même et continue à se méfier, il se produira un inévitable conflit suicide. Tout maître qui se trouve à l’intérieur de soi-même à partir d’une base de méfiance est un suicide et finira par nous conduire à des niveaux plus élevés d’auto-sabotage et, d’autant plus que nous montons sans un vrai fondement réel, plus dure et dangereuse sera la chute. L’auto-sabotage fera augmenter la croyance d’aller bien, bien qu’elle ne soit pas réelle, parce que c’est précisément à cela que se dédie la méfiance: c’est-à-dire, à la création de pseudo-réalisations intérieures, à la production de la sensation d’avoir atteint quelque chose, parce que, au fond, l’intention de la méfiance est que rien ne change, que tu continues à vivre comme toujours, que tu ne détruises pas les bases qui soutiennent ce que tu crois être, c’est pourquoi elle produit la sensation illusoire de transcendance ou de développement personnel; elle peut te faire croire que tu n’as besoin de rien, que tu es éveillé ou même illuminé, afin que tu ne repenses pas ta vie. Mais après tu arrives à un certain point, à une situation, au dénouement de quel qu’événement qui te démontre que tu es sur un nuage illusoire et que rien de concret ne te soutient, que tout ce que tu croyais être des conquêtes intérieures ne sont que des recherches éphémères, que tu ne t’es pas penché ni sur l’inconnu ni sur la grandeur du mystère. C’est là où se produit la chute ou la débâcle de l’auto-sabotage. C’est le moment où tu te rends compte du fait que tu ne peux pas faire confiance et donc que tu es un disciple, mais pas un maître de toi-même. Jusqu’à ce que tu ne fasses pas confiance tu auras besoin de maîtres.

On ne devrait jamais oublier que la méfiance est la base du disciple alors que la confiance est le fondement du maître. La relation entre les deux c’est le rapprochement entre la méfiance et la confiance. Et cette relation maître/disciple a fait que d’entières bibliothèques se remplissent de livres qui contiennent des histoires, des contes et des anecdotes sur la lutte essentielle qui se joue entre ces deux possibilités pour faire face à la vie: faire confiance ou se méfier.

On nous a appris à nous méfier depuis qu’on était enfant. C’est pourquoi il est très difficile d’enlever la pierre angulaire de la méfiance sur laquelle on a bâti son propre projet de vie. La méfiance nous rend débile et sépare, elle nous fait de nous des être prêts à être manipulés. S’il n’y a pas une débâcle ou un effondrement conscient de ce qu’on a bâti sur la méfiance, tout ce qu’on construit par dessus cette base sera affecté par la faiblesse et l’inconsistance. Tout maître vise avec une grande précision à la dissolution de la méfiance, le noyau qui soutient tout conditionnement. Mais, pour cela, on doit commencer à enlever chaque brique qu’on avait mise par-dessus, jusqu’à ce que cette pierre angulaire reste totalement à découvert.

La communauté spirituelle, thérapeutique, philosophique, mystique et chamanique, … rassemble des millions de personnes du monde entier en quête de croissance et de développement intérieurs. Elle est pleine de gens qui ne font pas confiance, mais ça ne se voit pas. Ce que je suis en train de dénoncer dans cet acte, c’est l’auto-sabotage auquel on aboutit inévitablement quand on omet certains pas dans le processus d’évolution intérieure. Omettre le pas de mettre fin à la méfiance nous conduit vers un labyrinthe sans issue, vers une spirale qui nous fait tourner en rond en essayant de démontrer ce qu’on n’a pas atteint. Se rendre compte de cela signifie revenir sur ses pas afin de pouvoir se retrouver au point d’origine de l’auto-sabotage et donc pouvoir ensuite continuer le parcours à l’intérieur de notre propre processus à partir d’une localisation authentique.

Pour beaucoup de gens il est tellement difficile de reconnaître qu’ils se méfient toujours, qu’ils ont besoin d’argumenter, d’exiger, de critiquer et de se plaindre afin de canaliser leur si grande frustration et pour justifier la raison pour laquelle ils sont disposés à la fuite. À partir de là ils prennent toute sorte de mesures préventives qui leur donnent la sécurité qu’ils ne possèdent pas, par exemple en définissant leur évasion comme un appel de son propre ressenti. À partir de là naît l’expression «je sens que je dois suivre mon propre chemin». Il est tellement facile de transformer l’élan de fuir en un appel du cœur, en utilisant des mots magiques et ainsi se crée une croyance, et presque tous y tombe dedans. La phrase préférée de ceux qui s’évadent des situations confrontantes, surtout quand est arrivé l’heure d’aller à la rencontre de sa propre confiance, c’est: «Je vais suivre mon cœur». Pour faire référence au fait de ne pas vouloir rester dans l’endroit qui leur montre leur propre méfiance. C’est pour cela qu’est utilisée cette phrase galvaudée et tellement suspecte à la fois, pour pouvoir fuir de ce qu’ils n’ont pas pu surmonter et ainsi rester tranquilles et sûrs d’être en train de faire la chose adéquate.

Si tu es dans une situation de la vie qui te presse, te dérange, te fait sentir mal à l’aise, te teste ou elle ne te donne pas beaucoup de marge pour fuir, tu peux prendre en considération la possibilité de te rendre, puisque tu es face à la maîtrise de la vie. Si tu te donnes, tu t’épargneras beaucoup d’années de travail intérieur, beaucoup d’argent en cours et expériences ; tu seras en train de t’embrasser en reconnaissant que tu es un disciple de la vie.

Nous sommes à une époque où la figure du maître et du disciple se sont transformées. Même si au fond le sens reste toujours le même. Quand ta vie te coince, fais attention, parce que tu es face au plus grands des maîtres. L’heure de faire confiance est en train de frapper à ta porte.

Alberto José Varela

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